En cherchant des informations sur l’excellente poétesse vietnamienne Hồ Xuân Hương (1772-1822, 胡春香), qui écrivait aussi en chinois, je trouve par hasard une petit vidéo délicieuse. Dans cette vidéo, mademoiselle Thu Hằng (秋姮 qiūhéng), Vietnamienne installée à Taïwan, parle des poésies chinoises qu’elle a étudiées lors de ses études secondaires. Elle récite le poème qui est probablement le plus connu de la littérature chinoise : Pensée d’une nuit calme (静夜思 jìngyèsī), de Li Bai. Par comparaison, elle cite un poème aussi assez connu de Hồ Xuân Hương : Tangyuan (湯圓 tāngyuán), dont voici le texte : 妹身又白又勻稱, 哀與山河共浮沉。 搓圓捏碎隨人意, 唯守丹紅一片心。 L’explication que mademoiselle Hằng donne de ce quatrain m’a franchement fait sourire : est-ce vraiment par naïveté qu’elle n’en saisit pas le caractère érotique ? Cela dit, la vidéo de Hằng est rafraîchissante. Et son chinois est excellent (hormis un petit nombre de fautes de tons). La vidéo est sur Youtube.
俑 yǒng Radical : 亻 (人) (homme) 9 traits Ordre des traits : ノ丨フ丶丨フ一一丨 U+4FD1 Signification : Le caractère 俑 désigne les statues ou statuettes funéraires en bois ou en terre cuite placées dans les tombes anciennes. J’ai trouvé ce caractère employé dans les mots suivants : 作俑 zuòyǒng : créer un fâcheux précédent 兵马俑 bīngmǎyǒng : (anc.) statuettes (de soldats et de chevaux) funéraires de terre cuite (notamment les statues de terre cuite de Qin Shihuang à Xi’an) 陶俑 táoyǒng : statuette funéraire de terre cuite Ci-dessous, des soldats dans la fosse n°1 de l’armée de terre cuite de Qin Shihuang (Photographie : User:airunp, Public domain) :
(Je reprends ici un article que j’ai publié il y a quelques jours sur Tela Botanica, ici. Le goyavier est originaire d’Amérique centrale, ce n’est pas à proprement parler une espèce chinoise, mais la goyave est largement connue dans le monde chinois. Notamment dans le sud de la Chine et à Taïwan.)
Le goyavier, espèce originaire d’Amérique centrale, a été introduit en Asie orientale par les Portugais au XVIIe siècle. Son fruit, la goyave, est aujourd’hui extrêmement populaire dans toute l’Asie.
Le goyavier (Psidium guajava) fait partie des espèces découvertes par les Européens lors de la conquête des Amériques. Il se présente sous la forme d’un arbuste ou d’un arbre qui peut atteindre une taille d’une dizaine de mètres de hauteur. Il est originaire d’Amérique tropicale et fut décrit dès la fin du XVe siècle par un compagnon de Christophe Colomb. Diffusé dans les autres régions du monde par les Portugais, il est aujourd’hui présent dans toutes les régions tropicales du monde.
Au Cambodge, le goyavier est connu sous le nom de « trâ-baèk » (ត្របែក). L’étymologie de ce nom est inconnue, mais il est utilisé dans de nombreux toponymes cambodgiens : ainsi, à Phnom Penh, existe un quartier appelé l’« étang aux goyaviers » (បឹងត្របែក beung trâ-baèk). Les noms de plusieurs communes et villages du pays font également référence au goyavier. Chez les Khmers, la goyave est un fruit extrêmement populaire. Il est consommé généralement cru, accompagné d’un condiment composé de sel et de piment pilé. Parfois, on prépare aussi des goyaves en saumure ou au sirop ; dans les deux cas, les fruits sont consommés en quartiers, comme les goyaves fraîches, mais agrémentés d’un condiment composé de sel, de piment et de petites crevettes séchées. Les Cambodgiens, à l’inverse des habitants d’autres pays (Taiwan, Thaïlande, Chine continentale), ne connaissent pas la boisson théiforme préparée à partir des feuilles de goyaviers séchées, mais ils mâchent ces feuilles pour traiter les problèmes de constipation.
Depuis deux ou trois ans, au Cambodge, une variété appelée « goyave kimchu » (ត្របែកគីមជូ trâ-baèk kim-chu), importée de Thaïlande, jouit d’une grande popularité, en raison de l’absence de graines au centre du fruit. Cette variété est notamment cultivée dans la province de Kandal, non loin de Phnom Penh.
C’est à Taïwan que j’avais découvert la goyave en 1989. Ce fruit de la taille d’une pomme, à la chair blanche, croustillante et juteuse, est extrêmement populaire à Formose, où on le connaît localement sous le nom de « bala » (芭樂, prononcé [bālè] en mandarin). Plusieurs variétés sont cultivées à Formose, dont des variétés à chair rose ou rouge, appelées « goyave à cœur rouge » (紅心芭樂 hóngxīn bālè) ou encore « goyave rubis » (紅寶石芭樂 hóngbǎoshí bālè). Signalons encore une autre variété appelée « goyave lait » (牛奶芭樂 niúnǎi bālè) : pour cultiver cette variété, les agriculteurs utilisent un engrais liquide à base de lait fermenté. A Taiwan, le jus de goyave est très apprécié. On raconte que cette boisson fut inventée une année où la récolte des goyaves avait été particulièrement abondante, si bien que le marché était saturé, et l’on eut alors l’idée de fabriquer du jus de goyave, qui eut un succès tout à fait inattendu. Le jus de goyave taïwanais est d’une blancheur de lait, car le fruit est pelé avant d’être pressé, il est agréablement sucré. Mais le jus de goyave que l’on trouve dans les autres pays est plus généralement de couleur vert clair. En Thaïlande également, la goyave (appelée ฝรั่ง, farang – c’est le même mot que les Thaï utilisent pour désigner les Occidentaux) est un fruit que l’on trouve partout sur les marchés ou chez les vendeurs ambulants. Les Thaïs consomment la goyave débitée en quartiers, accompagnée d’un condiment à base de sucre, sel et piment pilé. On trouve également en Thaïlande un jus de goyave rose, très parfumé et assez sucré.
La goyave est également connue en Chine continentale, où elle est appelée « grenade étrangère » (番石榴 fānshíliú), car elle a une taille proche de celle de la grenade (Punica granatum) et a été importée en Chine. La présence de nombreuses graines dans la goyave fait également penser à la grenade. Dans ce pays, le fruit est moins populaire. Des goyaviers sont cependant cultivés dans toutes les provinces bénéficiant d’un climat subtropical : Yunnan, sud du Sichuan, Guangdong, Guangxi. La médecine chinoise traditionnelle attribue à la goyave diverses vertus : le jeune fruit séché aide à lutter contre la dysenterie, le fruit mûr a une action bénéfique sur la rate, les feuilles sont détoxifiantes, les feuilles fraîches ont des vertus hémostatiques. Notons encore l’existence à Taïwan d’une infusion médicinale préparée à partir de feuilles pilées et de tranches de jeunes fruits séchées.