Histoires de Chine : Les dix grands maréchaux de l’Armée Populaire de Libération (1 : Zhu De)

Le 19 août 1955, le Bureau politique (ou « politburo », si vous voulez passer pour un spécialiste des républiques socialistes) (政治局 [zhèngzhìjú]) du CC du PCC (Comité Central du Parti Communiste Chinois) adoptait la proposition formulée par la Commission militaire (军事委员会 [jūnshì wěiyuánhuì], 军委 [jūnwěi] pour les intimes) de promotion au grade de « maréchal » (元帅 [yuánshuài]) d’un certain nombre de généraux qui s’étaient illustrés avant la Libération. La liste initialement établie comportait onze noms, dont au final dix seulement de virent promus. (Le onzième était Deng Xiaopin, 邓小平 [dèng xiǎopíng], à qui ce grade fut finalement refusé.) La liste fut définitivement adoptée en septembre de la même année. Les dix généraux promus sont largement connus sous le nom collectif des « dix grands maréchaux » : 十大元帅 [shídà yuánshuài]. Ce sont ces dix maréchaux que je me propose de vous présenter brièvement ici. Les noms sont donnés dans l’ordre de la liste telle qu’elle fut publiée.
Zhu De (朱德 [zhū dé], 1886-1976)
Originaire du Sichuan, Zhu De a participé à la « révolution de xinhai » (辛亥革命 [xīnhái gémìng] ; 新亥 [xīnhǎi] désigne ici l’année 1911 dans le système de datation du cycle sexagésimal chinois), ou « révolution chinoise de 1911 », qui marqua la fin du régime impérial chinois. Il part faire des études en Allemagne en 1922, et rejoint la même année le PCC. En 1925, il part en URSS étudier dans une école militaire et revient en Chine l’année suivante. Il participe le 1er août 1927 au soulèvement de Nanchang (南昌起义 [nánchāng qǐyì] ; 南昌 [nánchāng] est la capitale de la province du Jiangxi), connu également sous le nom de « soulèvement du 1er août » (八一起义 [bāyī qǐyì]). (voir la note ci-dessous) Cet évènement est le premier affrontement armé opposant le Kuomintang (国民党 [guómíndǎng]) et les communistes chinois. En 1928, Zhu De participe avec ses troupes au soulèvement de Xiangnan (湘南起义 [xiāngnán qǐyì] ; l’expression 湘南 [xiāngnán] désigne le sud de la province du Hunan ; rappelons que 湘 est le nom monosyllabique de la province du Hunan), puis rejoint Mao Zedong à Jinggangshan (井冈山 [jǐnggāngshān]), massif montagneux du sud-ouest de la province du Jiangxi. Mao y avait créé dès 1927 une base d’opérations (根据地 [gēnjùdì]). Les troupes de Zhu De rejoignent celles de Mao pour créer le quatrième corps d’armée (第四军 [dìsìjūn]) de « l’armée révolutionnaire des ouvriers et paysans chinois » (中国工农革命军 [zhōngguó gōngnóng gémìngjūn]), qui deviendra plus tard « l’armée rouge des ouvriers et paysans chinois » (中国工农红军 [zhōngguó gōngnóng hóngjūn]). À partir de 1930, Zhu De occupe successivement les postes de commandant de la première armée (军团 [jūntuán] ; il faut ici comprendre le mot « armée » dans le sens militaire du terme, i.e. une unité militaire composée de plusieurs corps d’armée), de commandant en chef (总司令 [zǒngsīlìng]) du « premier front » (第一方面军 [dìyī fāngmiànjūn] ; 方面军 [fāngmiànjūn] : « front » doit être compris dans le sens soviétique du terme, i.e. un « groupe d’armées », composé de plusieurs armées). Il participe bien entendu à la longue marche (长征 [chángzhēng]) en 1934-1935. En janvier 1935, pendant la « conférence de Zunyi » (遵义会议 [zūnyì huìyì] ; 遵义 [zūnyì] est une ville du Guizhou), il critique vivement « l’aventurisme de gauche » (左倾冒险主义 [zuǒqīng màoxiǎnzhǔyì] ; 左倾 [zuǒqīng] : de gauche, gauchisant ; 冒险主义 [màoxiǎn zhǔyì]) de Wang Ming (王明 [wáng míng], 1904-1974), qui dirige de fait le PCC, et apporte son soutien inconditionnel à Mao Zedong. Pendant la période de la guerre de résistance contre le Japon (抗日战争 [kàngzhì zhànzhēng]), il dirige la fameuse « Huitième armée de route » (八路军 [bālùjūn] ; la traduction « huitième armée de route » est sujette à caution, mais c’est celle qui est le plus couramment utilisée), et est nommé au poste de vice-président (副主席 [fùzhǔxí]) de la « commission militaire centrale » (中央军委 [zhōngyāng jūnwěi]). Pendant la « guerre de libération » (解放战争 [jiěfàng zhànzhēng]), il devient commandant en chef de l’armée populaire de libération (中国解放军 [zhōngguó jiěfàngjūn]).
Il s’illustre en particulier pendant la « campagne de Liaoshen » (辽沈战役 [liáoshěn zhànyì], entre septembre et novembre 1948 ; 战役 [zhànyì] se traduit généralement par « campagne »), la « campagne de Huaihai » (淮海战役 [huáihǎi zhànyì], entre novembre 1948 et janvier 1949) et la « campagne de Pingjin » (平津战役 [píngjīn zhànyì], entre décembre 1948 et janvier 1949).
Après la libération, il occupe entre autres les postes de vice-président de la République Populaire de Chine, commandant en chef de l’Armée Populaire de Libération, et de vice-président de la Commission de la défense nationale » (国防委员会 [guófáng wěiyuánhuì]).
Pendant la Révo. Cul., il est démis de ses fonctions au Comité permanent de l’Assemblée Nationale Populaire, mais échappe aux persécutions des gardes rouges (红卫兵 [hóngwèibīng]) grâce à la protection de Zhou Enlai.
Il meurt en 1976.
Note : La date du premier août 1927, dans la mythologie sino-communiste, est celle de la fondation de l’Armée Populaire de Libération. Les caractères 八一 ornent toujours les coiffures et les revers des cols des uniformes des militaires chinois. Le 1er août se célèbre la « fête août de la création de l’armée le 1er août » : 八一建军节 [bāyī jiànjūnjié].
Ci-dessous, un portrait de Zhu De, que j’ai récupéré ici.
À l’épisode suivant, nous parlerons d’un autre maréchal : Peng Dehuai.
zhu de

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