Langue populaire et argotique : Fleurs sauvages

Avec les tortues de mer, nous avions abordé le domaine des sciences naturelles dans le précédent épisode de cette série. Restons-y pour parler aujourd’hui des « fleurs sauvages » (野花 [yuěhuā]).
Je ne suis pas vraiment sûr que cette expression soit à classer parmi les expressions populaires et argotiques, mais ce n’est finalement pas très important.
En Chine, on peut parfois entendre, au détour d’une conversation futile, énoncer une phrase dont le sens peut échapper au non-initié : « 路边的野花不要采! » ([lùbiānde yěhuā bù yào cǎi] : il ne faut ne pas cueillir les fleurs sauvages au bord du chemin ; 路边 [lùbiān] : bord du chemin, bord de la route, 采 [cǎi] : cueillir (des fleurs ou des fruits)).
Sur le forum d’échanges de connaissances de Baidu, à un internaute qui demandait ce qui signifiait cette expression, une bonne âme expliquait qu’en général les fleurs sauvages étaient très fraîches (新鲜 [xīnxiān]) et parfumées (香 [xiāng]), mais aussi, souvent, vénéneuses (有毒 [yǒudú]). Comme l’explication semblait insuffisante, ladite bonne âme prenait le soin de préciser que l’on qualifie souvent de « fleur sauvage » une personne du sexe féminin qui n’est ni l’épouse légitime, ni une femme de sa famille.
Du coup, « ne pas cueillir les fleurs sauvages sur le bord de la route » signifie bien sûr rester fidèle à sa compagne, ne pas « courir la gueuse », dirions-nous entre Gaulois.
C’est tout naturellement que le mot fleur est utilisé comme métaphore pour parler des femmes. Quant à l’adjectif 野 [yě], il signifie « sauvage », mais aussi « indomptable ». On dit parfois d’une jeune femme qui se moque des convenances qu’elle est assez 野.
Pour complément d’information, je vous invite à écouter la chanson Fleur sauvage (野花) de la chanteuse Tian Zhen (田震 [tián zhèn]), ou encore à tout apprendre sur les Fleurs sur la mer (海上花 [hǎishànghuā]) dans le roman homonyme de Han Ziyun (韩子云 [hán zǐyún]) (alias Han Bangqing 韩邦庆 [hán bàngqìng]), rédigé en dialecte de Shanghai pendant la seconde moitié du XIXème siècle, et qui conte le sort de courtisanes de l’époque à Shanghai. (Et je découvre en préparant ce billet que la traduction de ce roman a été publiée chez Denoël en 1998 sous le titre de Fleurs de Shanghai.) Un film a également été tiré de ce roman.
Pour illustrer mon propos, je vous invite à voir ou revoir le clip de la chanson Fleur sauvage chantée par Tian Zhen :

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